Shiro-Cainhive

    Certains moment arrivent plus rapidement que d’autres, et ainsi donc, le jour du jugement fût à ses pieds bien plus vite qu’elle ne l’aurait cru. En général, elle n’écoutait pas les autres. Ça ne l’intéressait pas. Ils étaient morne et sans le moindre intérêt. Du coup, quand le jour de l’épreuve d’intégration arriva, elle le découvrit sur le vif. Une petite assemblée se trouvait au pied du bâtiment et malgré qu’elle avait laissé filer son regard rapidement sur certains candidats, elle ne s’y préoccupa pas le moins du monde. Parmi les hybrides il y avaient des murmures, elle les entendait. Très bien. Tout le monde était occupé de s’interroger. Certains étaient bien trop assurés. D’autres étaient mort de trouille.

    Elle soupira un coup avant de se rendre compte qu’on les faisait rentrer dans une nouvelle pièce. Ses oreilles traînaient et elle put donc entendre qu’il s’agissait d’une sorte de salle de cours. Tu parles d’une plaisanterie… Elle qui était persuadée qu’on jugerait ses compétences en temps réel. Lorsque se fut son tour de rentrer dans la pièce, elle jaugea du regard cet être massif qui soulevait la curiosité chez elle. S’il y avait bien un truc qu’elle avait envie de dépecer et d’autopsier, c’était ce gars la. Elle se doutait bien entendu que ce serait pas une chose qu’elle pourrait faire dans un avenir proche. Rien n’était de son côté, encore moins en sachant qu’il était le maître du jeu. Ce type qui observait et vous jugeait apte ou non à le servir. Une chose, -parce que oui, à ses yeux il n’avait plus rien d’humain-, énervait autant qu’il intéressait notre protagoniste.

    Le danger ne lui faisait plus peur depuis sa mutation et ça avait tendance à la rendre téméraire. Bien trop téméraire. Par chance on lui laissa sa blouse de travail et rien de ce qu’elle cachait dans ses poches ou ses fringues lui fut confisqué. Elle n’était pas bête, elle se doutait bien que les épreuves ne seraient pas si simple. Il y avait anguille sous roche et elle le sentait. C’était trop facile.

Première épreuve // Des souvenirs plus douloureux qu’une lame s'immisçant lentement dans la chair

    La jeune femme prénommée Vitani ne se fit donc pas prier et prit place à l’endroit lui étant attribué. Elle s’installa sur cette chaise bien peu confortable et observa vaguement la feuille blanche tout en écoutant les directives. Une heure pour répondre à quelle question ? Et pourquoi n’avaient-ils pas le droit de détériorer cette fichue feuille ? Il ne s’agissait la que d’un simple casse-tête ambulant. Elle qui n’avait jamais aimé ce genre de choses ne put que soupirer en s’affalant sur le bureau.

    Elle resta durant cinq bonnes minutes de la sorte, synchronisant sans s’en rendre compte les tapotements de ses talons contre le sol avec le tic tac de l’horloge qu’elle ne percevait que trop bien depuis sa fusion animale. Ce bruit avait le don de l’irriter, de lui faire perdre patience. La femme-carcajou essayait constamment de détourner son attention des bruits incessants que produisaient les minuteurs des horloges, et pour une fois, elle put atténuer le bruit dans sa tête.

    Vitani leva doucement le regard et observa autour d’elle. C’est vrai, c’était bien la première fois depuis un très long moment qu’elle se retrouvait entourée d’autant de personnes vivantes et maintenant qu’elle y regardait mieux, les hybridations étaient vraiment quelque chose de vaste et sans aucune limite. Elle fût dégoûtée de certains et se demanda bien si elle arriverait un jour à freiner sa douce décente entre les griffes du glouton qui avait pris possession de son statut d’humain. Elle n’était plus qu’une chose, elle aussi.

    Ainsi donc, elle se mit à écouter les conversations des autres, faisant rouler le crayon contre le bureau en tentant de se rendre compte de ce qu’il se passait. De temps à autre, la jeune femme leva ses prunelles vairons pour observer le délai qu’il lui restait pour résoudre ce casse-tête. Plus que 35 minutes… Ils étaient bientôt à mi-chemin du délai et pourtant elle n’avait pas encore pu trouver la réponse à la question. Et puis… Quelle question ? Elle fronça les sourcils en regardant de nouveau sa feuille, la retournant vivement pour chercher ce qu’elle avait de si spécial.

    C’est à ce moment que ses oreilles écoutèrent quelque chose qui allait lui être un minimum utile. La feuille avait du relief ? … La brune observa sa feuille, suspicieuse. Voulant vérifier la véracité des dires de cet hybride qu’elle ne connaissait même pas elle s’empara du crayon qu’elle vint ouvrir en deux à l’aide de ses griffes, révélant par cette acte la mine se trouvant à l’intérieur. Elle se saisit de celle ci pour griser la feuille, trouvant donc l’endroit qui était marqué par un léger relief et elle grommela. Du braille. Il manquait que ça. Ce connard de supérieur avait trouvé ça amusant de foutre une question ou que quoique ce soit d’autre dans un langage qu’elle ne connaissait pas. Et en plus, elle était sûr que la majorité se trouvant dans cette pièce  se disaient la même chose.

    Vitani était occupée de maudire l’existence du Dr Crowley lorsqu’une sorte de gaz fit son apparition. Il ne manquait plus que ça. Voilà la chose qui lui faisait hérisser le poil depuis le début. Voilà la fameuse anguille sous roche. Préférant retarder au maximum les effets sur elle, la jeune femme chercha dans sa poche un bout de tissu qu’elle glissa contre son visage afin de respirer le moins possible le gaz. Histoire aussi qu’elle puisse analyser les effets et juger s’il serait néfaste sur son organisme.

    Tandis que certains gars commençaient à s’échauffer et à vouloir se casser de la, elle, elle resta assise. Elle regardait sa feuille en jaugeant les réactions de certaines personnes autour d’elle. Certains avaient fini par avoir des mouvements nerveux et s’étaient calés dans des coins, sous leurs bureaux…. D’autres se battaient pour une raison qu’elle ignorait encore. Un gaz hallucinogène ? Valait mieux pas qu’elle se fasse prendre dans ce cas.

    Pourtant, la femme-wolverine était persuadée que ce n’était qu’une question de minutes. Peut-être même de secondes. Le gaz circulait sans doute déjà dans son organisme et il valait mieux pour elle qu’elle garde son calme. Après quelques longues secondes supplémentaires, son attention fut attirée par le type se trouvant à sa droite. La démence était quelque chose que certains étaient plus aptes à ressentir que d’autres. Vitani se savait être capable d’actes digne de certains tarés sanguinaires. C’était la faute à la créature qui était à l’intérieur d’elle. Elle ne pensait plus pareil, toute sa personne avait été déréglée. Elle n’était plus que l’ombre d’une personne qu’elle avait été autrefois. Elle n’était plus humaine, c’est tout.

    Son oeil foncé détaillait ce type au comportement excessif. Il semblait tétanisé, en colère et dévasté. La jeune femme savait que son ouïe lui était une bénédiction pour le coup, car sans ça, elle n’aurait pas pu éviter le coup que porta ce type à son attention. Elle s’était poussée en arrière en poussant sur le bureau avec ses pieds, se retrouvant à même le sol durant quelques secondes mais elle vint se redresser assez rapidement et se recula. Ce gars était fort. Bien trop fort pour elle. Vitani savait que si elle se prenait un coup de plein fouet, elle en serait sonné et serait donc à la merci de ce putain d’hybride. Encore un reptile hein ? … Décidément, elle ne pouvait pas les encadrer ceux-là…

    La brune ne perdit pas du regard son vis-à-vis et elle marchait à reculons, essayant de trouver une échappatoire sans pour autant entrer en conflits avec d’autres timbrés trop con pour essayer de rester calme et passer outre. Tout ça n’était qu’une putain d’illusion putain ! Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien voir pour se mettre dans des états pareils ?! Elle évita de nouveau un coup et remarqua immédiatement que sa vue avait commencé à se troubler. Tout semblait se saccader, l’image ne suivait pas ses mouvements. Elle avait juste envie de gerber. Le gaz faisait effet, elle le savait.

    Le reptile qui l’acculait depuis quelques minutes déjà réussit finalement à lui attraper la jambe et la jeta contre un des murs de la pièce. La jeune femme se le prenant de plein fouet grogna de douleur, elle le savait que ça aurait fait mal mais au moins, elle était encore capable de bouger. Elle évita les chaises qu’il projeta en sa direction, se retrouvant finalement acculée dans l’un des coins de la pièce. Ça, elle aimait pas. Elle aurait préféré que ce soit elle qui accule autrui. Elle n’aimait pas être la personne la plus faible.

    La jeune femme s’était retrouvée à même le sol, le dos contre le mur et respirait de façon irrégulière. Son souffle était coupé, pas étonnant avec les efforts qu’elle se retrouvait à faire. Maintenant c’était fichu, elle devait trouver un moyen de calmer le jeu. Elle releva lentement le regard pour observer le type et la, elle ressentit une certaine forme de peur qu’elle n’avait pas ressenti depuis un très long moment.

    Vitani n’avait pas remarqué immédiatement que la partie inférieure du corps de son interlocuteur se trouvait être celle d’un gros serpent à l’aspect gris métallique. Elle ne connaissait que trop bien cet aspect la, il s’agissait de celle de son fiancé. Du moins, ex-fiancé. Elle avait rompu avec lui après qu’il ai tué leurs amis et ai tenté de se débarrasser d’elle également. C’était il y a un certain temps déjà, elle n’avait pas encore muté elle. C’était avant son accident et qu’elle ne perde conscience.

    Il était la source de ses maux, elle savait qu’il se trouvait dans les ruelles sombres et le regardait de ses yeux noirs. La présence hostile du reptile avait rendu Vitani presque paranoïaque cependant elle ne se serait jamais attendue à le voir la, dans la même pièce qu’elle. Il l’acculait depuis le début, il voulait la tuer. La brune était terrifiée, elle ne savait plus quoi faire. Elle ne réfléchissait plus et s’était laissée emportée par ses propres hallucinations. Elle n’arrivait même plus à se dire qu’elle n’avait qu’à éviter jusqu’à ce que le délai soit écoulé et qu’elle puisse se casser de la salle. Non. Plus rien. C’était le néant au fond de son crâne.

    Sa conscience lui criait de s’échapper mais ses jambes n’arriveraient jamais à la porter loin. Son coeur lui faisait aussi mal que son corps et elle rageait de ne pas savoir quoi faire. L’hybride se rapprocha encore, une expression désintéressée et froide. Oui, c’était bien lui. Il s’agissait de la même expression qu’il avait eu envers elle lorsqu’elle s’était aperçue qu’il avait tué leurs proches. C’était la même expression qui ornait son visage lorsqu’il avait tenté de l’étrangler la première fois.

    Car oui, le reptile avait fini par être à proximité et l’avait attrapé par la gorge. Elle n’aimait pas cette sensation, elle se sentait faible. Elle avait peur oui, et pourtant tout ça n’était que le mélange d’un gaz à son organisme. Elle en pouvait plus. Peut-être qu’elle devrais se laisser mourir ? Elle serra les dents et ferma les yeux, priant pour que ce soit rapide. C’était un comportement faible et lâche. Celui de l’humaine qui n’en pouvait plus de tout ça.

    Cependant, à partir du moment où votre corps est le mélange de deux entités, tout deviens imprévisible. Vous ne décidez plus seul. Si l’autre vous crie qu’il veut vivre, vous n’aurez d’autre choix que de vous défendre. De tuer plutôt que d’être tué. Vitani chercha rapidement dans la poche de son mini-short quelque chose qu’elle utilisait dans certains cas où elle se trouvait dans de fâcheuses situations. Un peu comme celle ci. Elle prit donc une poignée du sable qui s’y trouvait et le jeta en direction des yeux du reptile.

    Ce dernier la laissa tomber à même le sol et instinctivement Vitani se recula. Son dos se retrouvant de nouveau contre le mur elle paniqua. Elle devait faire quelque chose la. L’évidence se trouvait là pourtant et la voix dans sa tête ne cessait de lui dire. “Tue-le”. Elle passa sa main contre sa tempe. “Tue-le”. Elle fronça des sourcils. “TUE-LE !”. Elle se calma finalement. Le tuer hein ? … C’était ce qu’il fallait faire oui. Elle devait lui faire payer. Il lui avait pourri sa vie, elle le détestait. “Vraiment ?” Vitani voulait le voir mort.

    Elle laissa retomber son bras le long de sa silhouette et vint prendre le scalpel qui était caché dans l’un de ses bas entre ses doigts griffus. Elle joua un petit instant avec avant de se dire que oui. Elle allait réduire à néant cette existence qui avait tout fait déraper. La jeune femme avait fait une croix sur son bonheur à cause de cet homme, de cette mutation. Tout était de sa faute. Elle allait le tuer, c’est tout.

    L’expression de la brune changea pour laisser apparaître une once de démence. Elle savait ce qu’elle devait faire. Elle savait aussi qu’elle allait devoit être rapide et viser dans un endroit stratégique. Elle se rapprocha avec une certaine assurance du corps de ce reptile qui semblait encore plus en colère et évita sans peine le coup de queue qu’il tenta en sa direction. Au fond, lui aussi devait voir quelque chose d’effrayant. Ça devais faire peur. Le pauvre devait avoir aussi peur qu’elle, mais elle s’en fichait. Elle ne voyait en lui que son compagnon. L’homme avec lequel elle avait passé de longues années. Elle voulait juste qu’il disparaisse.

    Ainsi, elle profita que l’hybride  s’approche d’elle pour agir instinctivement et voir pour lui porter le coup fatal. Elle ne l’avait pas blessé une seule fois depuis le début. Elle se sentait trop humaine pour tuer quelqu’un. Elle n’avait pas le droit de tuer, c’était ce que faisaient les monstres. Vitani préféra tout de même laisser tomber une nouvelle parcelle de son humanité et couler encore un peu plus dans les ténèbres de son esprit.

    Elle avait fait en sorte de caler sa lame derrière l’oreille de son interlocuteur et, pressant bien assez pour trancher la chair, fit glisser la lame jusqu’à sa gorge, taillant au passage la carotide avec une précision propre à elle-même. Le sang vint lui éclabousser le visage et elle se le frotta malgré tout tandis que le corps de son interlocuteur rendait peu à peu l’âme. Il était mort finalement.

    La brune donna un coup de pied dans le corps inerte du reptile, vérifiant qu’il n’allait pas profiter qu’elle ai le dos tourné pour anéantir sa misérable existence. Aucune réaction. Il était mort. VRAIMENT mort. Sa respiration se calma peu à peu et elle tenta de reprendre ses esprits. C’était terminé hein ? Elle longea le mur en ne quittant du regard la carcasse de l’hybride.

    Sa conscience revint peu à peu et elle se rendit compte qu’elle avait tué un pauvre innocent. Du moins, en partie. Elle s’était vengée sur un gars qui n’était même pas une hybridation de serpent. La colère et la peur lui avait fait des choses qu’elle regrettait peut-être. Vitani était cependant sûre qu’elle était un peu plus prête à faire face à son ex-compagnon. Un jour elle se vengerait, c’était une évidence. Elle quitta la pièce en grognant contre elle-même. Tout aurait du se passer autrement.

Deuxième épreuve // Quand la chance n’est pas forcément de votre côté

    Après avoir suivit sans broncher les autres jusqu’au prochain lieu d’épreuve la jeune femme souffla un coup. Bien qu’étant encore sûre d’elle, elle se retrouvait à penser qu’elle tentait de rejoindre l’équipe des fous. Pas que ça la dérangeait, non, cependant elle se demandait l’issue des prochaines épreuves. Il y en avait trois. La première s’était déroulée sans trop de soucis, du moins pour elle. Elle n’en sortait qu’avec une légère petite trouille, des souvenirs qui lui étaient revenus en mémoire ainsi que du sang qui tachait certaines parties de ses vêtements et son visage. C’était crade. De plus, elle savait qu’elle en avait qui lui collait dans les cheveux et malgré que sa peau était teintée d’une couleur foncée, elle pouvait reconnaître la couleur du sang qui séchait sur ses mains. Vitani aurait bien voulu prendre une douche et se laver de tout ça mais cela devrait attendre encore un peu…

    Les consignes semblaient plutôt basiques. Aller d’un point à un autre, quelque chose de banal. Bien entendu il y avait une fois de plus une anguille sous roche. Quelque chose allait tenter de les empêcher d’arriver à destination alors hein ? Tu parles d’une idée. Les yeux vairons de la jeune femme parcouraient le bâtiment tandis que quelques personnes se retrouvaient en ligne afin de commencer l’épreuve. Vitani était quelqu’un de très observateur et sa curiosité lui était souvent utile.

    Elle tenta de se faire une idée de l’intérieur, du genre d’architecture qu’avait ce genre d’endroit. Et comment cette chose qui était censée les traquer devait se mouvoir dans un pareil endroit. Aurait-elle plus de chance dans des endroits étroits ? A moins qu’au contraire, elle devait viser les endroits plus vastes ? Elle était plongée dans ses pensées et ne vit pas le temps passer. C’était à son tour d’y aller. Déjà. Elle ne vint pas soupirer, rien. Se contentant d’avancer et de pénétrer dans la bâtisse. Comme prévu, cet endroit semblait bien trop grand et les fondations étaient douteuses. Rien de cet endroit semblait sécurisant.

    Elle s’avança sur quelques mètres, ses talons marquant son emplacement à chaque pas, et ce hall résonnait malgré tout. C’était peut-être pas une bonne idée ce genre de chaussures lors d’une telle épreuve. Elle resta immobile quelques longues secondes avant de soupirer. Personne pouvait lui faire une quelconque remarque hein ? Elle était seule. Et elle ne comptait pas attendre et montrer ses doigts de pieds à celui qu’elle comptait éviter au mieux.

    Vitani s’appuya contre l’une des paroi murale et retira ses hauts talons, cet acte révélant ses pieds qui avaient commencés à muter depuis un certain temps déjà. Ses pieds étaient naturellement dans un état moyen, elle empêchait ses griffes de se développer correctement ainsi que sa structure qu’elle forçait à garder une certaine forme grâce aux escarpins qu’elle portait. La brune ne voulait pas se retrouver avec des pattes à la place des pieds, elle tenait beaucoup à son apparence initiale et si elle pouvait tenter de freiner certains changements, elle ne se gênerait pas pour le faire.

    Elle avait d’ailleurs testé plusieurs traitement sur sa propre personne. En vain bien entendu. Le gène était en constant changement et elle n’arrivait pas à l’isoler de sorte à pouvoir le manipuler à sa guise. Ses pieds étant déjà bien assez fragilisés elle sortit de la poche de sa blouse des bandes qu’elle vint enrouler autour des endroits les plus sensibles de ses pieds. Avec les plaies ouvertes qu’elle se faisait à cause de ses chaussures elle avait assez, autant limiter les dégâts. Et puis elle voulait éviter de chopper une quelconque infection, déjà que la douleur était difficile à supporter sans alors en imaginant le cas où des bactéries viendraient s’y mettre…

    L’hybride soupira une nouvelle fois en abandonnant ses chaussures avec regret, s’avançant avec vigilance dans le couloir principal. Elle avait pas envie de rester la et chercha à identifier certains endroits, elle remarqua contre l’un des murs un plan en piteux état. L’encre avait fini par s’estomper et certains endroits étaient illisibles mais la brune vint retenir au mieux l’emplacement de certaines pièces, cherchant également des passages qui pourraient lui être utile et voyant le temps filer, emprunta un nouveau couloir pour quitter le hall principal.

    Elle remarqua une grille non loin et se dit que, vue l’état des choses, autant tenter les endroits étroits. Personne n’y pensait vraiment d’habitude. Quelqu’un d’autre aurait tout simplement fait en sorte de prendre le chemin le plus court, partir en ligne droite, ou bien longer le complexe afin d’arriver de l’autre côté sans se perdre. Tout ces choix étaient bien entendu des idées pas super bonnes alors autant prendre un peu plus de temps et couvrir un peu ses arrières. Elle grimpa dans le conduit sans faire de bruit, glissant de nouveau la grille derrière elle afin de leurrer un minimum les apparences. Elle n’avait pas envie de se faire prendre du tout et était déterminée à intégrer le complexe scientifique.

    Vitani continuait d’avancer, prenant les tournants qu’il fallait afin d’avancer tout en se référant au plan qu’elle avait mémorisé grossièrement plus tôt. Elle comptait le nombre de mètres approximatifs ainsi que les directions qu’elle avait pris et superposait les informations pour se diriger. Au final elle se stoppa d’un coup. Ses oreilles ne pouvaient la tromper dans un endroit aussi calme et isolé. Quelque chose était à proximité. Elle s'alerta et se cloîtra dans un axe où l’on ne pouvait l’apercevoir, allant calmer les battements de son coeur ainsi que sa respiration. C’était tout proche. De plus, elle avait cru voir une ombre défiler plus loin, là où une grille révélait une pièce juste en dessous. Peut-être avait elle juste fabulé. Après tout sa vue était mauvaise et ce, malgré les lunettes qu’elle portait. Et puis elle se trouvait dans un axe du bâtiment où la lumière ne pouvait pas passer, tout était bien sombre, pour son plus grand malheur.

    La jeune femme-glouton ferma les yeux et essaya de faire le vide. Si elle commençait à flipper ça l’aiderai pas. Elle était quelqu’un de caractériel et de très fort malgré tout  alors elle comptait bien lutter pour son ascension. Elle ne laisserait pas filer sa place au sein des Zetta, c’est tout. Lorsque plus aucun bruit ne sembla la perturber, ce fût le tour d’autre chose de la déranger. Un bruit qui lui, assurait vraiment rien de bon. Les jointures commencèrent à lâcher, après tout elles étaient fragilisées, l’état du bâtiment n’avait rien arrangé et c’est dans un certain bruit qu’elle tomba dans la pièce en dessous.

    Vitani redressa rapidement le regard pour voir s’il y avait quelque chose dans la pièce. RAS. Ça semblait déserté. Pour combien de temps du moins ? Le bruit avait été conséquent et sa présence avait été révélée. Elle grogna et en voulant se lever, grimaça en s’accroupissant de nouveau. Ses prunelles détaillèrent son semblant de pattes puis plissa des yeux. Du verre. Des morceaux de verres suintaient de son propre sang. Quel boulet. Les endroits confinés c’était un très mauvais plan finalement, surtout dans un bâtiment délabré. Elle retira vite fait les morceaux plantés dans ses pieds et les garda dans sa main, se relevant pour réfléchir par où elle allait s’éclipser.

    La pièce avait deux entrées, deux portes potentielles d’où pouvait rappliquer le danger. Elle souffla un coup et s’avança vers celle qui était le plus proche, tant pis. Elle devait juste se barrer de la. Tout en continuant son cheminement dans le couloir qu’elle avait emprunté, une pièce adjacente attira son attention. Des casiers. Elle resta perplexe. Peut-être que ça aurait bien été le genre de son boss à y foutre des trucs tien. Non, c’était vicieux, c’était sans doute quelque chose qu’il aurait fait. Elle se gratta l’arrière de la nuque et rentra dans la pièce, veillant tout de même à laisser la porte ouverte par précaution. Histoire de voir les choses arriver.

    Elle ouvrit plusieurs casiers sans vraiment trouver quelque chose. La brune vint en ouvrir un nouveau et après avoir jeté un coup d’oeil dedans y trouva du matos. Bingo. Elle observa autour d’elle et retira sa blouse qu’elle vint attacher de sorte à ce qu’elle puisse servir de sac. Les femmes étaient connues pour être débrouillarde et elle mit donc cette compétence de son côté. Une fois son sac solidement attaché et stable, elle glissa deux trois éléments qui l’intéressaient. Des… qu’est-ce que c’était censé être ? Elle arqua un sourcil et les glissa dans son sac improvisé, faisant de même avec les bandes qui se trouvaient dans le kit de soin. Pas besoin de s’attarder sur le reste, elle ne prit que ce qui pouvait se révéler utile dans des cas d’urgence.

    Elle glissa le masque à gaz autour de son bras et, se disant qu’elle avait assez divagué comme ça, retourna dans le couloir précédent en vérifiant que rien d’étrange ne se trouvait à proximité, elle s’avança encore. Elle allait devoir se montrer ingénieuse. Elle se demanda un instant si à cette étape du chemin, elle ne devrait pas emprunter une des pièces les plus grandes. Cela lui permettrai de penser un peu autrement après tout. En général les gens se contentaient donc d’éviter les hall principaux, c’était plus sûr. Sauf qu’il suffisait d’utiliser un plan d’approche plus désordonné. Commencer d’une façon et détourner ensuite la fonction principale.

    L’on s'attendrait à ce qu’elle continue de se déplacer dans des endroits peu fréquentés et étroits tout en faisant le tour, alors que non, elle serait occupée de passer par le hall principal, à la vue de tous. Vitani savait que cette créature se trouvait à proximité, avec le boucan qu’elle avait pu faire c’était une évidence. Même un sourd aurait pu la localiser. Elle se dirigea donc en boitillant un peu vers le hall principal. Elle jeta un rapide coup d’oeil dans ce dernier avant de s’y engager, évitant au mieux les endroits qui semblaient les plus fragiles. Cet endroit devrait être retapé, sérieusement. Des gens pourraient se tuer s’ils ne faisaient pas gaffe. C’est en pensant cela et en arrivant à plus de la moitié du chemin qu’elle sentit le sol bouger sous ses pieds abîmés.

    Son cerveau se mit très rapidement en marche et c’est de mauvaise humeur qu’elle constata qu’une fois de plus, ce genre de conneries, fallait que ça lui tombe dessus. Une assez grosse partie du sol vint aller s’écraser à l’étage inférieur, le tout dans un bruit phénoménal et un nuage épais de poussière. Son corps pendouillait dans le vide, elle ne le tenait qu’avec la force de son bras qui avait eu le temps de s’accrocher à une poutre qui dépassait. Se mettant à tousser à cause de la poussière elle décida d’enfiler le masque qu’elle avait trouvé plus tôt. C’était déjà plus facile à respirer comme ça. Peut-être qu’elle devrait faire confiance à ce genre de matos plus souvent tien…

    Certains décombres continuaient de chuter à l’étage en dessous d’elle, ça ne l’aidait pas ça. Pas du tout. Son regard se tenta à observer autour d’elle, de chaque côté elle se sentait observée. Il était là, c’était une certitude. Sans pour autant se mettre à paniquer elle chercha dans son sac les quelques capsules qu’elle avait chapardé dans le casier, les observant sans vraiment connaître leurs but exact, p’têtre qu’elle aurait du y penser avant, la, elle avait plus le choix. Elle enclencha deux des trois capsules qu’elle avait, les jetant en l’air en s’arrangeant pour que l’une des deux reste à l’étage.

    La brune fit en sorte que les deux étages soient camouflés et se disant qu’une personne cherchant la facilité se serait hissé pour remonter à l’étage, vint se dire qu’elle verrait pour faire le contraire. Elle était devenue bonne grimpeuse depuis sa mutation, elle qui était plutôt nulle en sport initialement ça l’avait aidé sur ce point. Elle se hissa sur des poutres qui se trouvaient plus loin et après être arrivé en bas, se dépêcha de filer vers le prochain couloir pour éviter de se retrouver face à cette chose qui la mettait mal à l’aise. Avec tout ça, ses pieds lui faisaient davantage mal. Peut-être devrait elle vraiment renoncer à porter de jolis escarpins… Peut-être oui.

    C’était bien entendu pas l’idée. Elle cesserait d’en porter uniquement lorsque ses pieds auront arrêté de muter. Elle n’espérait plus à faire retrouver son corps son apparence première, Vitani n’était pas idiote. Ce n’était pas un enfant prodige mais elle restait logique dans ses raisonnements. Du coup, elle continuerait de porter ses chaussures à talons et ce, jusqu’à ce qu’elle se retrouve à se tordre de douleur suite à ses propres maux. Cela finirait par arriver ça aussi, tout n’était qu’une question de temps.

    Pour l’instant, la jeune carcajou se trouva un coin isolé et à l’abri pour se reposer deux minutes. C’était le temps qu’elle s’était accordée pour souffler et pour changer les bandages recouvrant ses pieds. La brune retira enfin le masque à gaz qu’elle trouvait pas si confortable que ça et vint grimaçer en regardant ses pieds, c’était vraiment pas joli. Déjà initialement ils n’avaient rien pour lui plaire, la, c’était le summum. La brune posa à côté d’elle les bandes usagées et vint foutre du désinfectant sur ses plaies ainsi qu’un coagulant qu’elle avait elle-même pu concevoir afin qu’il soit optimal pour son cas. Elle l’utilisait régulièrement pour les plaies qu’elle provoquait suite à ses chaussures.

    Elle termina cela puis enveloppa de nouveau son pied dans la bande de façon méthodique et rapide puis fit de même avec son autre pied. Tout en terminant de se préparer pour terminer cette épreuve elle réfléchissait à l’endroit où elle se trouvait. Ce n’était plus l’étage principal qu’elle avait mémorisé. Elle se trouvait dans une sorte de sous-sol, il y avait très peu de chance qu’elle tombe sur une sortie de ce côté. Vitani devrait remonter et sans traîner. Une embuscade pouvait facilement être tenue. Il fallait qu’elle réfléchisse et vite. Premièrement, il fallait qu’elle trouve des escaliers, deuxièmement, une façon de contourner une éventuelle embuscade et troisièmement. Il fallait qu’elle se grouille de sortir de la.

    Elle vint finalement se relever et après avoir de nouveau embarqué le masque à gaz, elle tenta de trouver un plan de l’étage où elle se trouvait ou au moins une indication quelconque mais rien. Elle se contenta de tourner en rond durant quelques bonnes minutes avant qu’elle ne tombe par hasard sur une cage d’escalier. La jeune hybride resta planté la, à regarder les quelques marches qui se trouvaient devant elle. Ses oreilles tentaient de percevoir le moindre bruit qui trahirait la présence d’un quelconque être vivant mais rien. Elle n’entendait rien. Il fallait qu’elle y aille et qu’elle se dépêche de fuir en direction de la sortie mais quelque chose clochait. Elle sentait encore une présence presque hostile et ce malgré que ladite présence semblait effacée. Peut-être était-elle loin ? Peut-être n’était-elle que le fruit de sa propre imagination ? Elle ne le savait pas. Elle n’osa pas bouger de la et resta à fixer l’étage durant quelques longues secondes. Secondes qui lui parurent une éternité.

    Vitani enfila le masque à gaz et vint prendre dans sa main la capsule de gaz qui lui restait. Elle n’en connaissait pas non plus les effets de celui la tien, puis valait mieux pour elle qu’il ai pas été endommagé avec toute la poisse qu’elle avait pu avoir jusque là. Sans aucune hésitation, elle monta finalement et après être arrivé à l’étage supérieur, son coeur s’arrêta de battre. Il n’était pas la. C’était étrange. La brune n’avais jamais été du genre à prendre les gens pour des cons, de plus, depuis leurs mutations, ils avaient appris à penser autrement, ils s’étaient adaptés ou bien fait dévorés par leurs conscience animale. Il aurait du être la. Elle ne bougea pas et chercha du regard un repaire, remarquant que la sortie était proche elle eut un petit rictus. Il allait quand même pas l’attendre si près du but ? Ce serait grotesque. Grotesque, mais brillant.

    La brune se mit à avancer en direction de la sortie puis enclencha la capsule et la jeta machinalement en direction du couloir qui menait à la sortie. Il allait se montrer, il voulait la chopper. Une sorte de cache-cache mais plus élaboré. Il était la. Les yeux vairons de la femme-carcajou se posèrent sur la silhouette qui vint se déloger de l’endroit visé, c’était le moment. Elle savait qu’il la voyait, qu’il allait l’attraper. Son coeur se remit à battre pleinement et elle se dirigea vers un autre couloir avant que la fumée ne prenne totalement possession des lieux. Elle voulait qu’il puisse croire qu’elle allait le contourner et prendre un autre couloir pour s’éclipser. Elle voulait qu’il se mette à croire qu’au dernier moment, elle allait se rétracter et foncer droit devant en profitant du camouflage temporaire. Elle voulait qu’il l’attende à l’embouchure principale.

    Au final, elle vint chercher dans sa veste un morceau de verre qu’elle alla faire glisser jusqu’à l’entrée principale afin de faire un minimum de bruit, et de mouvement. Vitani s’éclipsa dans le couloir adjacent et tout en se méfiant d’où elle marchait et où elle allait, remarqua un point de sortie. C’était le moment de s’éclipser. Elle pris son aise pour y aller et après avoir longé le mur en étant proche du couloir principal, vint ouvrir la porte pour sortir de cet enfer. La brune fit quelques pas avant de se laisser tomber au sol. Elle retira alors le masque à gaz et le laissa à côté d’elle, respirant un bon coup pour se calmer. Son corps lui était tellement douloureux, elle avait sous-estimé les épreuves au final et osait espérer que la dernière ne serait pas aussi coriace. Elle voulait réussir, plus que quiconque d’ailleurs, mais elle sentait qu’elle arrivait à ses limites. Son corps ne pourrait plus encaisser grand chose, il fallait qu’elle soit encore plus prudente. Sur quoi serait porté la dernière épreuve ? Elle n’en avait plus aucune idée. Le monde actuel n’avait plus aucun sens, il fallait juste qu’elle survive.

Troisième épreuve // Le bouquet final

    La brune écouta attentivement les explications quant à la troisième et dernière épreuve. Une lobotomie ? Rien que ça ? C’était pas trop éprouvant à faire. Du moins la technique. C’était quelque chose qu’elle avait déjà appris. Par contre… Des fous particulièrement agressifs ? Cette créature le faisait exprès ou quoi ? Bien entendu qu’il le faisait. Il allait pas leurs servir un gars à opérer directement sur une table d’opération. C’était trop dur. Elle soupira et ne put s’empêcher de se dire que ce gars était tellement aimable. Vraiment, peut-être qu’il devrait obtenir la médaille des bonnes actions. Elle avait droit à son propre taré et à sa propre pièce pour pratiquer la chose, tant de générosité… Elle roula des yeux en s’étirant un peu. Sa blouse avait repris sa fonction principale et se retrouvait de nouveau sur elle.

    Vitani pris le plan et l’observa un instant, essayant de mémoriser au mieux où elle était censée se rendre après avoir trouvé ce p’tit con qui allait lui aussi lui pourrir sa journée. Nouveau soupire. Elle rangea le plan dans la poche de sa blouse et tourna les talons pour se diriger au hasard pour l’instant. Vue sa poisse elle aurait p’têtre la malchance qu’il lui tombe dessus hein ? Faut pas trop se leurrer non plus, de plus, elle n’avait pas pu enfiler de nouveau ses talons, les ayant laissé sur place lors de la précédente épreuve. Tu parles d’une mauvaise nouvelle, ces escarpins lui avaient coûtés un bras et là, elle était pas prête de les revoir. Et puis de toute façon… Elle aurait sans doute pas pu les porter avant un peu de repos. Ses pieds étaient réellement dans un mauvais état, heureusement qu’elle les avait directement soignés sinon elle ne serait sans doute plus en état de se mouvoir dessus.

    Elle se concentra de nouveau sur l’endroit où elle se trouvait, évitant les couloirs où des coups semblaient se faire entendre. Maintenant qu’elle y pensait, cet endroit était tellement glauque. Typiquement le genre d’endroit dans lequel en tant qu’humaine, elle n’aurait jamais foutu les pieds. Elle avait la chair de poule rien qu’en se promenant seule dans les couloirs alors en sachant en plus que des fous s’y baladaient librement, brr. Elle eut un petit frisson intérieur car oui, le carcajou en elle l’avait rendu moins fuyarde. Elle n’avait plus peur, de rien. Ou du moins presque rien. Elle était téméraire, pas suicidaire.

    D’ailleurs, elle espérait pouvoir trouver le fou d’elle même. Ce serait fâcheux qu’il soit le premier à lancer l’offensive, ce serait même carrément désavantageux pour elle. Un mauvais coup et elle finirait sur la liste des morts dont on ne se souviendrais même pas. Vitani se demanda durant un petit instant combien avaient perdus la vie depuis le début des épreuves. Elle n’avait pas compté une seule fois et pourtant il devait y en avoir. Rien que ce pauvre hybride qu’elle avait froidement tué… Elle se demandait s’il avait encore de la famille lui. Peut-être que quelqu’un le pleurerait. Peut-être oui. A moins qu’il soit comme elle, seul. Sans aucun ami ni famille. Juste l’ombre de l’animal les ayant finalement possédé.

    Elle soupira en continuant de chercher, restant le plus calme et neutre possible. Il ne fallait pas qu’elle perde patience. Il ne fallait pas qu’elle fonce tête baissée. Elle allait le trouver, et lorsqu’il sera face à elle… Comment elle ferait ? Elle avait encore son scalpel oui mais… Est-ce que ça suffirait ? Ses pieds l’empêchaient de se bouger comme elle le souhaitait, de plus, elle ne pourrait pas maîtriser un timbré par sa force brute. Elle était bonne pour tendre des embuscades, pas pour le front. Peut-être qu’elle devrais attendre qu’il se pointe et l’attaquer à ce moment là ? … Non, le temps leurs était compté. Elle devait le trouver et… utiliser un raisonnement rapide ainsi qu’une analyse pour jauger au mieux la situation et ce qu’il fallait faire. Oui, c’est ce qu’elle allait faire.

    Des bruits au tournant d’un couloir attirèrent son attention. Ça ne semblait pas être une quelconque altercation non. Des murmures ? … Elle fronça des sourcils et décida de s’y rendre, avec un peu de chance, elle pourrait prendre ce type par surprise ? Quant bien même il s’agirait de celui qu’elle est censée trouver… En arrivant à l’embranchement ses yeux n'eurent même pas le temps de voir le gars qu’elle se prit un gros coup dans l’abdomen. Le coup avait été d’une telle violence qu’elle raviva la douleur du coup qu’elle s’était pris lors de la première épreuve. Tu parles d’une chance ! Elle avait perdu toute once de chance depuis sa mutation, elle aurait du s’en douter que rien ne se passerait comme prévu. Elle se mit à grogner, ce type ayant fait ressortir son agressivité. Elle allait lui faire payer.

    Vitani frotta le sang qui s’était écoulé dehors de sa bouche avec sa manche, ses yeux ne quittant pas du regard le fou qui venait de se pointer. Pas de doute, c’était celui qui lui fallait ! Elle montra les crocs, ne se disant pas une seule seconde que cet homme n’en aurait que faire de sa dentition. De toute façon c’était un toc, une habitude qu’elle avait prise a force de cohabiter avec l’autre entité au fond d’elle. Elle esquiva du mieux qu’elle pouvait chacune des attaques de son assaillant tout en cherchant le point faible de ce dernier. Elle n’en trouvait pas. Il était trop fort, trop rapide et trop… imprévisible. C’était un déviant, il ne pensait pas, il agissait. Soumis à ses pulsions les plus primaires. Il était fou et ivre de liberté.

    La brune manquait clairement de performances. Elle avait perdu en agilité et sa force laissait à désirer. Rien ne se déroulait comme elle l’avait prévu. L’humaine au fond était effrayée. Elle allait mourir ici ? Non… Non. Elle voulait vivre. Survivre était plus correct. Elle se prit un nouveau coup qui la fit tomber à même le sol, elle releva le regard pour observer ce fou. Pitié… Elle voulait pas renoncer en étant arrivée si loin. Elle était à deux doigt de réussir. “Utilise tes compétences”. Quelles compétences ?  La voix dans sa tête continuait de résonner, ça la rendait dingue. Elle voulait que ça cesse. Qu’est-ce qu’elle devait faire putain ?! “Ne meurs pas”. Elle paniqua. Bien sûr que non, elle ne voulait pas mourir. Pas maintenant. Pas demain non plus. Elle voulait retrouver un quotidien. Elle voulait pouvoir sourire de nouveau un jour. Elle devait se relever. “Immobilise le”. Huh ? Mais comment s’y prendre ? Elle se redressa sur ses coudes tout en se reculant, utilisant ses pieds pour repousser le taré de toutes ses forces. Sa main alla frôler le scalpel qu’elle avait glissé dans sa poche. Elle ne pouvait pas le tuer… Mais…

    Ses yeux détaillèrent le corps de cet homme. Il avait une anatomie basique, il suffisait qu’elle l’empêche de se mouvoir librement. Après s’être relevée et avoir grimacé suite à la douleur de son corps engourdi elle fit exprès de tomber et vint trancher l’un des tendons de la jambe droite de son opposant. Il était encore dangereux cependant et vint s’en éloigner le plus rapidement qu’elle put. Évitant au passage un nouveau coup qu’il tenta de lui asséner. Elle devait être plus rapide. Plus mordante. Plus agressive encore qu’il ne l’était ! Elle vint joindre ses deux mains et lui prépara le coup le plus fort qu’elle pouvait lui donner dans les circonstances actuelles. Il fallait qu’il somnole au minimum. Il le fallait ! Elle lui porta le coup directement à la tête et, en voyant crouler le corps à ses pieds elle se recula.

    C’était bon ? … Il était sonné là, hein ? Elle donna un coup de pied dans le corps et ne voyant pas vraiment de réactions offensive lâcha un râle de soulagement. Il fallait qu’elle se grouille d’aller l’attacher. Elle pourrait pas gérer deux fois ce genre de types. Vitani sortit de sa poche le plan et se repéra assez rapidement. Par chance elle s’était rapprochée de la salle où elle était censée prodiguer l’opération sur ce pauv’type. Il n’empêche que ce serait quand même éprouvant. Le gars pesait sans doute bien plus qu’elle et elle se trouvait désavantagé suite à ses blessures. Connerie de reptile. C’était la faute à ce truc pour qui elle souhaitait travailler. Elle verrait pour lui piquer du matos tien, ses efforts se devaient d’être récompensés. Au moins un minimum.

    Elle vint tirer le gars par les pieds, traînant ce corps sonné du mieux qu’elle le pouvait. C’était éprouvant, et elle tomba avec le corps plusieurs fois. Ses muscles lui faisaient mal. Elle voulait juste pouvoir se reposer. Et prendre une douche. Oui, ça lui ferait du bien une bonne douche… Elle arriva finalement dans ladite pièce et après avoir vérifié qu’aucun perturbateur ne s’y trouva, vint tirer le gars jusqu’à la chaise. Elle le laissa au pied de cette dernière durant quelques secondes et reprit son souffle. Plus qu’à l’y attacher. La brune regretta de pas avoir pu trouver quelqu’un à esclavager pour l’installer confortablement sur ce qui signerait la perte de sa liberté. Elle gonfla une joue puis préféra s’y mettre rapidement. Elle avait aucune idée de combien de temps ce gars allait mettre avant d’immerger de sa petite sieste imposée par la femme-glouton. Elle se baissa et vint mettre le gars dans son dos, agrippant ses bras autour de son cou pour faire le pivot et le déposer dessus. Elle aurait pensé avoir plus de mal mais fut ravie de pouvoir se démerder rapidement.

    Le fou commença à immerger, quelques secondes plus tôt et il aurait pu l’étrangler et elle aurait été en fâcheuse posture. Mais pour une fois, la chance avait été de son côté. Il était fichu. Vitani se dépêcha de le sangler fortement et avec une certaine rapidité. Valait mieux éviter un nouveau coup et se retrouver elle-même sonné. C’était réellement pas le moment. Il était plutôt vivace ce type, même attaché il lui donnait du fil à retordre. Bah, tant pis pour lui.

    La brune se dirigea vers le plan de travail où se trouvait divers ustensiles ainsi qu’un mode d’emploi grossier. Sérieusement ? Elle arqua un sourcil en se disant qu’il faisait vraiment dans la simplicité l’autre hein… Imaginant la réaction d’autres personnes face à les explications données elle ne put s’empêcher de rire un peu. Bonjour la crédibilité. Ce boss savait aller à l’essentiel au moins. Elle laissa tomber l’explicatif et vint glisser ses doigts sur les ustensiles. Elle n’aurait besoin d’aucune explications. La brune savait très bien ce qu’elle devait faire.

    Depuis qu’elle avait entamé son cursus scientifique elle savait qu’elle était fascinée par tout ce qui touchait au domaine du cérébral. C’était intéressant, fascinant. Cela lui faisait presque palpiter son petit coeur de femme. Elle avait déjà pu pratiquer la lobotomie sur des corps morts, juste pour essayer. Elle avait vite arrêté parce que cela endommageait certaines données. Elle trouvait ça pas sympa du tout, il y avait tellement mieux à faire après tout. Les cervelles en parfait état étaient bien mieux pour travailler dessus.

    Elle attrapa les ustensiles et se rapprocha de ce taré qui lui avait mené la vie dure. Est-ce qu’il savait ce qui l’attendait ? Comment ça se passait dans la tête de ceux subissant l’opération en étant parfaitement lucide ? Est-ce qu’il s’agit la d’une délivrance ? Une façon d’expier leurs péchés ? Quelle idée. Les monstres ne sont jamais pardonnés. Ils doivent juste vivre avec la culpabilité de leurs actes. Ils sont condamnés à errer seuls. Vitani l’observa un petit moment avant de sourire doucement. Il méritait pas ce genre de traitement. Elle aurait préféré lui extraire la cervelle directement. C’est ce qu’il méritait, c’est tout.

    Vitani chercha du regard une horloge et constata qu’elle avait pris énormément de retard suite à l’immobilisation du fou. Il fallait qu’elle abrège vite fait bien fait. Elle place ses outils dans la position adéquate et sans broncher le moins du monde vint lui offrir la lobotomie de ces rêves. Elle perçut à l’aide de sa bonne ouïe le petit bruit qui confirma que c’était un succès et se recula un peu, observant ce patient bien plus calme d’un coup. C’était écoeurant. Elle ne sentait plus rien dans son regard, il n’était plus vraiment la. La brune s’était montrée particulièrement efficace lors de cette opération. C’était quelque chose qu’elle connaissait alors elle s’en fichait bien des conséquences que ça pouvait avoir. Moralement, cela ne la changerait pas en tout cas.

    Elle reposa les ustensiles sur le plan de travail et se frotta les mains. Il n’y aurait plus rien à faire de bon de cette cervelle mais qu’importe. Elle avait réussie. Il lui restait un bon quart d’heure avant la fin des épreuves, c’était terminé. Elle avait terminé les trois putains d’épreuves que ce connard de reptile avait préparé. Elle avait été capable de se débrouiller seule. Il n’avait plus d’autre choix que de l’accepter maintenant ! Elle se mit à sourire malgré tout. Les épreuves lui avaient apportés une dose de souffrance qu’elle avait oublié depuis sa mutation et pourtant, en y repensant, cela avait été divertissant. Bien entendu, elle était pas prête de vouloir en repasser dans l’immédiat, ses pieds méritaient bien du repos après tout ça. Elle se laissa glisser contre l’un des murs et observa ses pieds encore ensanglantés. La sensation d’euphorie qu’elle ressentait actuellement ne lui faisait même plus ressentir la douleur. Elle avait réussi putain.